MONTRÉAL | SAMEDI 1er JUIN 2002
SPECTACLES
| DISQUES |
RENAUD SEMBLE avoir réussi à se détourner de l’attraction du trou noir béant qui l’aspirait depuis quelques années — on n’a qu’à se souvenir de son dernier spectacle au Spectrum… d’où l’analogie avec Dr Jekyll et Mr Hyde, ou Gainsbarre / Gainsbourg, tel qu’il se présente sur la première chanson de l’album, Docteur Renaud, Mister Renard.
Boucan d’enfer est un retour discographique entièrement réussi, ne serait-ce que parce qu’on croyait son inspiration tarie, son discours désuet. Les 14 chansons de ce nouvel opus baignent dans une certaine amertume : son regard sur l’amour est assez déprimant (mais très touchant, comme sur Coeur perdu), celui sur la société est désillusionné (Je vis caché, Tout arrêter…), il crache un peu de venin sur les starlettes, les bien-pensants, cherchant refuge à la bêtise humaine à l’ombre d’un bistrot. C’est du Renaud à son plus sombre, la voix plus éraillée que jamais, mais au moins, un Renaud qui a toujours de l’encre dans sa plume. Et qui sait s’en servir aussi bien qu’avant. Boucan d’enfer est le témoignage d’un authentique représentant de la chanson qui cherche, encore, un sens aux années qu’il lui reste à vivre.
★★★1⁄2
BOUCAN D’ENFER
Renaud
Virgin / EMI
Philippe Renaud
collaboration spéciale
Source : La Presse