Renaud à l’Agora : Un p’tit show bien poli

Le Soleil

Québec, mardi 21 juillet 1992

LES ARTS ET SPECTACLES

Une critique de FRANCINE JULIEN
LE SOLEIL

Le croiriez-vous si je vous disais que Renaud s’est fait huer hier, par le public de Québec ? Eh oui, la foule n’a pu s’empêcher d’exprimer sa grande déception lorsqu’il a refusé de donner plus qu’un rappel bien poli et bien standard, après tout de même un bon deux heures de spectacle en continu, à l’ Agora du Vieux-Port.

Dès le début du spectacle, Renaud annonce qu’il a passé la nuit de la veille à célébrer le 350e anniversaire de la ville de Montréal.

La mauvaise humeur du temps a-t-elle influencé celle du chanteur français ? D’entrée, Renaud remarque le son médiocre causé par la pluie, puis explique qu’il a célébré un peu fort le 350e anniversaire de Montréal, la veille… Mauvais présage.

Pourtant, plusieurs ingrédients étaient là pour que cette soirée s’inscrive sous la magie de maître Renaud. D’abord par la qualité de l’orchestre qui accompagnait le chanteur, dont le fidèle Jean-Louis Roc, mais aussi le multi-instrumentiste Geoffrey Richardson (celui qui donne le ton celtique au disque Marchand de cailloux).

Et puis, par le choix des chansons : aux titres plus récents et à ses chansons fétiches, Renaud a puisé quelques pièces de choix dans son très très vieux répertoire, et pas seulement Hexagone et Manu !

Était aussi au rendez-vous la générosité de ce public plus respectueux et moins nombreux que lors du dernier « Festival d’automne » ; mais ce public arrivait même à lui fredonner les paroles de Banlieue rouge, lorsqu’il s’est trompé dans les couplets. « Décidément, c’est pas mon soir ! », a-t-il commenté.

N’y manquait, en fait que Renaud !

Renaud nous a offert une soirée en dents de scie avec quelques moments d’éclat, comme lorsqu’il a récité plus que chanté son Déserteur. Ou lorsqu’il a présenté un titre inéit Welcome Gorby, une gigue celtique en hommage à Michaël Gorbatchev qui aurait dû mener ses chars sur la France pour débarrasser le pays de ses connards… On comprend pourquoi il ne l’a pas endisquée celle-là !

Mais celui qui a l’habitude d’être un véritable moulin à paroles était étrangement silencieux, hier soir. Peut-être qu’après toutes ces visites à Québec, toutes ces belles émotions qu’il nous a procurées depuis près de 10 ans, on place la barre un peu trop haute pour Renaud.

Bref, l’âme n’y était pas. Qui sait ? C’est peut-être au Clarendon que le party a véritablement eu lieu tard dans la nuit. comme en 1984.

   

Sources : Le Soleil et HLM des Fans de Renaud