Renaud : « Il y aura un nouvel album l’année prochaine pour mes 50 ans de carrière »

Le Parisien

Culture & loisirs, Musique

EXCLUSIF. À l’occasion d’une exposition de vingt artistes qui ont illustré ses chansons, le musicien donne un concert entouré d’invités ce jeudi et nous parle de ses projets l’an prochain.

Par Éric Bureau
Le 4 septembre 2024 à 18h37, modifié le 4 septembre 2024 à 20h33

« Je voulais faire quelque chose pour l’Unicef, raconte Renaud. On a eu l’idée d’une vente de peintures et j’ai contacté Ernest Pignon-Ernest (à droite) pour qu’il fédère tout le monde. ». Paris, mardi. Renaud et Ernest Pignon-Ernest, pionnier du Street art, ont travaillé ensemble à cette exposition, dont les profits seront reversés à l’Unicef, une cause chère au chanteur
LP/Olivier Lejeune

Il va y avoir foule à la mairie du XIIIe arrondissement de Paris, ce jeudi soir. Renaud est la star d’une exposition (jusqu’au 14 septembre) et d’un concert organisés autour de ses chansons avec, en conclusion le 13 septembre, une vente aux enchères au profit de l’Unicef. Le chanteur n’a pas intitulé par hasard son dernier album studio « les Mômes et les enfants d’abord ». Il chérit l’enfance depuis toujours. « Je voulais faire quelque chose pour l’Unicef, j’ai rencontré sa directrice il y a deux ans, raconte-t-il. On a eu l’idée d’une vente de peintures et j’ai contacté Ernest Pignon-Ernest pour qu’il fédère tout le monde. »

Les deux amis, que l’on retrouve attablés au QG parisien de Renaud, se connaissent depuis longtemps. « Depuis les années 1980, précise Ernest Pignon-Ernest, l’un des pionniers de l’art urbain. On avait travaillé ensemble sur un disque de soutien à Otelo de Carvalho, un des artisans de la Révolution des œillets au Portugal, qui avait été injustement emprisonné. Il y a quelques mois, Renaud est venu me voir à Nice, où je vis, et nous avons imaginé cette exposition avec vingt artistes contemporains de tous horizons illustrant vingt chansons. »

Robert Combas met des couleurs sur « la Mère à Titi », Hervé Di Rosa choisit le noir et blanc pour « Banlieue rouge », Françoise Pétrovitch fait revivre « Lolito Lolita », le Syrien Najah Albukaï donne sa vision de « La mer qui prend l’homme » dans « Dès que le vent soufflera », les stars du Street art Jef Aérosol et C215 ont choisi « Manhattan-Kaboul » et « Adieu l’enfance ». « Je n’ai eu aucun mal à les réunir, avoue Ernest Pignon-Ernest. Quand on dit Renaud, qui plus est associé à l’Unicef, tout le monde vient. On pourrait faire un tome 2, un tome 3. Son image est puissante, ses mots portent en eux des images, ses poèmes suscitent l’imaginaire. »

Passionné de BD et d’art contemporain

Ernest Pignon-Ernest, 82 ans, a réalisé un touchant portrait de Renaud, de dix ans son benjamin, pour accompagner les paroles de « Mistral gagnant ». « J’ai dessiné à partir de deux photos de lui enfant, où il a son regard espiègle, optimiste. J’ai fait un caillou dans une main et un bateau dans l’autre, comme me l’a suggéré ma compagne. Le bateau, c’est tout Renaud, le voyage… » « Et la liberté », ajoute ce dernier. « J’ai eu la chance, comme Renaud, d’être ami avec Cabu, Wolinski, Reiser… Avec eux, il est un repère, l’expression de notre génération, un regard à la fois acéré et ample. C’est un des mythes de notre époque. »

L’image de Renaud est puissante, ses mots portent en eux des images, ses poèmes  suscitent l’imaginaire

Ernest Pignon-Ernest, artiste peintre

Le compliment touche « infiniment » Renaud. On le savait passionné de BD, moins d’art contemporain. « C’est Claude Berri (le réalisateur l’a fait tourner dans « Germinal ») qui m’a initié dans les années 1990 et m’a fait visiter des musées, dont celui magnifique de Saint-Étienne, raconte-t-il. Je me suis mis à la peinture, j’ai fait quelques natures, j’en ai vendu, mais bon, quand ma fille les a vus, ça l’a fait vomir. Mes copains m’ont offert pour mon mariage avec Cerise un tableau de Jef Aérosol qui trône au-dessus de notre lit. Il représente un enfant avec une guitare. »

Une soirée musicale au casting étoilé

Le vernissage de l’exposition, ce jeudi et sur invitation, sera suivi d’un concert dans la salle de bal. Là encore le casting est étoilé, avec Gaëtan Roussel, Gauvain Sers, Noé Preszow, Benoît Dorémus, UssaR, Marion Roch… « Je vais chanter deux titres, Manhattan-Kaboul avec Leila Huissoud, la compagne de Noé, et Chanson pour l’Éthiopie avec tous les artistes, se réjouit un Renaud décidément dans la lumière. Je vais bientôt finir ma tournée, je suis un peu triste. J’ai encore vingt dates jusqu’en décembre, j’en aurai fait cent trente. J’ai vécu ça furieusement, les filles formidables qui m’accompagnaient sur scène, le public toujours aussi délirant, chantant. »

Ceux qui l’ont vu sur scène ou rencontré savent que sa voix est toujours abîmée, son élocution encore difficile, mais aussi qu’il a retrouvé la joie de vivre et l’envie de créer, d’avancer. Ses projets ne manquent pas. « Je prépare mes 50 ans de chansons, dont l’anniversaire aura lieu en mai 2025, nous annonce-t-il. Il y aura un beau bouquin, avec des photos et des propos inédits, et un documentaire. Il y aura aussi un nouvel album l’année prochaine, j’espère. J’ai commencé à écrire des chansons. » On lui parle de renouveau. Il sourit. « C’est l’amour qui me guide. »

Exposition jusqu’au 14 septembre à la mairie du XIIIe arrondissement de Paris (1, place d’Italie), entrée gratuite. Vente aux enchères le vendredi 13 à 19 heures à la mairie et en direct sur Drouot.com.

  

Source : Le Parisien (ici et ici)