Renaud : Le troubadour des H.L.M

Hit Magazine

N° 77, juin 1978

« LAISSE BÉTON », « Adieu minette » : deux titres fracassants qui ont révélé en quelques mois un affreux jojo aux cheveux décolorés et au charme irrésistible : Renaud.

Le succès qui s’abat sur lui ne l’a pas changé, et il garde, heureusement, son naturel rafraichissant :

« Pour l’instant, j’enregistre un 33 tours de chansons nouvelles qui sortira à la rentrée. Puis je partirai en tournée, où j’assurerai la première partie du spectacle d’Alain Souchon. »

Certains reproches à « Adieu minette » d’être une chanson agressive : au contraire, il faut la prendre comme un clin d’œil, au second degré. En fait, c’est plutôt une chanson marrante inspirée, comme la plupart de mes titres, d’une histoire vécue : une fille ne me « lâchait » pas. Finalement, elle a compris et m’a laissé tranquille.

On me demande souvent pourquoi j’ai décidé de chanter :  en fait je n’ai rien décidé du tout, cela s’est fait par hasard ; il faut croire que j’avais quelques dispositions puisqu’il y a vingt ans, j’étais alors tout gosse, j’ai tenu un rôle dans un film pour enfant qui s’appelait « Le ballon rouge » ! Je n’ai pas tout à fait abandonné la comédie : j’ai tenu plusieurs rôles dans des dramatiques et des feuilletons télévisés. Mais j’ai également été apprenti mécano, chef de bande, pilier de bistrot et chanteur de rues. C’est de là, du reste, que tout est parti : un jour, je chantais dans la rue, pour me faire un peu d’argent, et un directeur de cabaret qui passait par là m’a remarqué et m’a engagé. Pendant mon tour de chant, le producteur d’une grande maison de disques m’a entendu et m’a fait signer un contrat.

C’était il y a quelques années déjà et j’ai enregistré depuis deux 33 tours dans un style très musette, proche de l’accordéon. Mais je vais changer d’orientation avec mon nouvel album, qui aura une couleur beaucoup plus folk.

Je n’ai pas beaucoup plus d’argent aujourd’hui qu’à mes débuts, et ma vie n’a pas changé : pour profiter des retombées financières d’un succès, il faut attendre au moins un an, un an et demi. Cela m’importe assez peu, du reste. Je me moque du standing, pour l’instant, j’habite dans un studio mais je déménage tout le temps. 

Ce que j’aime, c’est respirer l’air de la compagne, et ça au moins, c’est gratuit. »

  

Source : Hit Magazine