Renaud parcourra le Québec

Le Soleil

Québec, samedi 29 septembre 1984

ARTS ET SPECTACLES

Renaud revient
Le chanteur français que beaucoup de Québécois ont découvert l’été dernier revient cet automne pour une série de spectacles à travers la province. Louis Tanguay l’a rencontré cette semaine et en parle en page 3.

D-3

CHANSON

Avant son expérience québécoise de l’été dernier, sa toute première sur scène en terre américaine, le chanteur français Renaud était tout ce qu’il y a de moins certain de sa capacité d’enthousiasmer le public ici comme il le fait chez lui.

Les foules qu’il a rencontrées d’abord au Festival d’été quand il a débarqué sur la scène du Pigeonnier avec sept musiciens et trois choristes et ensuite à l’Agora du Vieux-Port, et enfin au Spectrum à Montréal, lui ont largement démontré le contraire.

Cette semaine, quand il est revenu à Québec pour parler de sa prochaine tournée au Québec, de la fin octobre à la mi-novembre et de son disque « Morgane de toi » apparu en pressage canadien à l’époque de son passage estival, on aurait donc pu s’attendre de trouver un artiste beaucoup plus arrogant.

Mais non, pouvait-on constater en interview, pendant qu’il sirotait une eau minérale. Un peu moins nerveux, de toute évidence. Un peu plus serein devait-il admettre en considérant l’accueil que lui a réservé le public des scènes en plein air.

Toutefois, pour lui, ce n’est pas parce que, en contexte de fête c’était gagné à Québec, que ce le sera
nécessairement en novembre, à Chicoutimi.

Mais il a eu l’occasion de constater que la barrière linguistique n’est pas si haute à franchir et que ses chansons de loubard peuvent très facilement passer la rampe.

« Avant cet été, Dominique (c’est le nom de sa femme) m’appelait le raz-de-marée, parce qu’en France, c’est mon année. Au Québec, je pensais lutter parce que pas connu. Mais en fait, le raz-de-marée a continué, 6,000 kilomètres plus loin. »

Révolte et tendresse

A peine habitué au succès, là-bas, une telle chaleur, « ça m’a dérouté ».

Mais, à la réaction extrême du public québécois à cette avant-dernière phrase de sa chanson Le déserteur, celle où il dit: « Je ne suis qu’un militant du parti des oiseaux, des baleines, des enfants, de la terre et de l’eau », il a compris autre chose.

C’est que son propos est plus international qu’il ne le croyait, même si au départ, pour lui, c’est d’abord l’Europe qui est coincée sous la menace nucléaire.

Et, avec En cloque, il a réalisé que partout, les gens ont le même besoin de tendresse.

Le Soleil, Yvon Mongrain
Au Québec, comme ici au Festival d’été. Renaud a découvert que son propos est plus international qu’il ne le croyait.

Ce qui importe, pour Renaud, c’est d’émouvoir, de faire rire, de faire bouger en hurlant ce qui le touche, ce qui le fait rire, ce qui le révolte.

Depuis son passage au Québec, il n’est remonté sur scène qu’une seule fois, mais c’était devant quelque 80,000 spectateurs, au début du mois, pour la fête de l’Humanité, un grand rassemblement politique.

Donc, il revient avec un répertoire essentiellement semblable à celui entendu ici au cours de l’été, sauf peut-être une nouvelle chanson qui sera possiblement terminée d’ici un mois.

Il promet aussi d’ajouter au programme quelques chansons datant de quelques années et qu’il n’interprète plus en France, qu’on lui a réclamées ici mais qu’il n’a pas pu chanter, faute de les avoir répétées récemment avec ses musiciens.

De ce côté, pas de changement en vue sauf pour un choriste. Les sonorités varieront donc de celles du rock à celles de l’accordéon musette, en passant par la béguine.

Pour sa tournée, les salles ont été choisies relativement petites comme il les préfère, comme à Montréal au Spectrum, les 25, 26 et 27 octobre.

Dans la région de Québec, la salle Albert-Rousseau n’a été retenue que pour un seul soir, jusqu’à maintenant, soit le 31 octobre et, après cinq autres villes au nord et à l’ouest, le même spectacle sera présenté les 9, 10 et 11 novembre, respectivement à Rimouski, Matane et Rivière-du-Loup.

  

Source : Le Soleil