Renaud vole vers l’Institut canadien

Le Soleil

Québec, jeudi 11 juillet 1991

Victime du succès et… des dangers d’incendie, le Vol de nuit de Renaud a pris un vol direct vers l’Institut canadien, hier, au grand dam du propriétaire du bar-spectacles d’Auteuil. 


par FRANCINE JULIEN
LE SOLEIL

Vu le « succès sans précédent » de Vol de nuit et dans le but d’assurer une « sécurité maximale » aux spectateurs, le festival a annoncé à la hâte, hier, le déplacement du spectacle de Renaud du bar-spectacles d’Auteuil à l’Institut canadien.

« Quelques spectateurs souhaitaient assister au spectacle dans un contexte traditionnel, déclarait le directeur général, M. Marcel Dallaire, en conférence de presse. Ça va convenir à ceux qui se plaignaient ou risquaient de se plaindre du grand nombre de personnes. »

Renaud disait cette semaine regretter que trop de spectateurs soient obligés de rester debout à son spectacle.

En fait, c’est le service des incendies de la ville de Québec qui risquait de s’en plaindre : la petite salle de spectacles du Vieux-Québec a le droit d’accueillir une centaine de spectateurs (123 ou 127, selon les interlocuteurs). Plus de 300 billets avaient trouvé preneurs pour les spectacles de Richard Desjardins et de Renaud. Une déclaration de Renaud (qui disait regretter que trop de spectateurs soient obligés de rester debout à son spectacle), publiée par LE SOLEIL plus tôt cette semaine, n’est pas sans avoir attiré l’attention du service des incendies, a soutenu M. Dallaire. « On a revisite les lieu, hier, en compagnie du service de prévention des incendies. »

Selon M. Dallaire, la direction du festival ignorait que le nombre de billets vendus dépassait largement le quota de clients fixé par le service des incendies. « On a négocié de bonne foi. C’est certain que ce déplacement implique des frais ; on réglera ça avec le bar d’Auteuil après le festival », ajoutait M. Dallaire, soulignant que l’an dernier, quelque 400 spectateurs s’entassaient dans la même salle pour voir les Vol de nuit des Michel Rivard et Jim Corcoran.

Colère au d’Auteuil

« À la demande de nos avocats, nous ne ferons pas de commentaires », déclarait lors d’un court entretien téléphonique, M. Philippe Benoît, copropriétaire du bar-spectacles d’Auteuil. Visiblement irrité par toute cette affaire et le fait d’avoir été écarté de la conférence de presse, il a simplement ajouté : « Un jour, parce qu’on osait trop de questions, M. Beauchesne (le responsable de la programmation du festival) nous a dit ‘Pourquoi vous prenez pas des vacances pendant le festival ?’ »

En fait, selon les clauses du contrat entre l’organisation du Festival d’été et le d’Auteuil, information confirmée par les deux parties, le bar-spectacles devait payer des droits au Festival d’été pour recevoir la visite des artistes de Vol de nuit.

L’affaire libère donc 300 nouveaux billets pour les trois prochains soirs. L’heure, le prix des billets (22,50 $) et la formule sans sièges réservés restent les mêmes.

« On savait que Renaud attirerait beaucoup de monde. Mais on avait le goût de prendre le risque », a déclaré le directeur du festival, qui jure que le contexte intimiste promis aux spectateurs ne sera pas altéré dans la salle de l’Institut canadien. « Une salle de 600 places, c’est encore intimiste ! »

  

Source : Le Soleil