1989 (livres – public)

Photos de Claude Gassian, légendées par Renaud lui-même ! Le livre est paru le 23 mars 1989 aux éditions Paul Putti :

Le livre inclut plusieurs photos en couleur avec commentaires de Renaud, comme par exemple :

Voici une affiche publicitaire publiée à la sortie du livre :

Et voici trois articles discutant de ce livre, avec des commentaires forts élogieux à propos de celui-ci :

Il s’agit d’un livre du dessinateur et caricaturiste Siné, un ami de Renaud. Ce livre paru en 1990 aux éditions La Découverte :

Le livre inclus plus de 400 dessins d’humour noir, avec une bibliographie complète et une biographie illustrée. Avec conception et textes de François Forcadell et un avant-propos de Renaud ! Cet avant-propos fut publié dans le magazine Siné Mensuel suite au décès de Siné en 1996 :

Siné, si tu veux, il est poète

Petit historique sur l’amitié qui nous unir, Siné et Moi, surtout moi.

La première fois que j’ai vu Sinuche, c’était chez Colé. Je l‘ai tout de suite trouvé très beau avec ses verres de lunettes qu’on dirait des glaçons, avec sa silhouette gracieuse quoique quelque peu bedonnante d’anarchiste « tendance Kanterbraü », avec sa femme surtout qu’est beaucoup plus belle que lui, malgré son type slave très prononcé et sa mentalité féministe « tendance Epeda multispires », si tu vois ce que je veux dire.

Lui aussi, ce jour-là, m’a sûrement trouvé très beau, surtout ma femme, mais il n’a pas osé me l’avouer.

En fait, tous les gars qui ne me disent pas qu’ils me trouvent très beau sont, comme Siné, des gens hypersensibles dotés d’une pudeur qui les honore.

Par contre, ceux qui me trouvent très moche sort des fascistes à « ten­dance aveugle » et je tes emmerde !

La formidable amitié « tendance virile » qui devait naître de cette rencontre inoubliable et qui, au fil des années, ne fit qu’empirer était basée sur une contradiction fondamentale entre son caractère et le mien : alors que Siné déteste tout le monde, moi, par contre, je n’aime personne !

Ainsi, musicalement, Siné m’avoua un jour n’aimer que la Salsa et moi. Aussitôt, surpris, je lui demandai « Mais  pourquoi la salsa ? » Il se mit en devoir de me faire découvrir cette musique barbare « tendance la salsa »… et m’entraîna dans une boite de nuit où un délicieux orchestre de musiciens cubains « tendance restau-au » enchanta mes oreilles de douces mélopées tropicales « tendance Bernard Lavilliers » et de rythmes endiablés.

Je ressortis à l’aube, ivre mort, déchiré, ruiné, allumé, torché au punch, et je fis à Siné cette remarque judicieuse : « Dans ce genre de lieu, avec ce genre de musique et ce genre de boissons, et qui est bien, c’est que même les Blancs ressortent noirs ! »

Puis, il me demanda si j’avais été conquis par la salsa.» Alors je lui ai dit que j’adorais, que vraiment j’trouvais ça super, que j’aimais beaucoup ça… sauf, peut-être, tes cuivres et les percussions.

Il me dit : « Mais, tu comprends Renaud, la salsa c’est une musique de sous-dév. » Alors je lui ai répondu que la bourrée et le folklore breton aussi mais j’aimais pas quand même !

On s’est pas fâchés pour autant, au contraire, j’l’aime encore plus ! Je l’aime parce que c’est un mec, si tu veux, c’est un mec formidable.

Tiens, je vais prendre un exemple : Si moi je croise un flic dans la rue, moi je change de trottoir. Siné, lui, il ne change de trottoir que si le flic est sur le trottoir d’en face, tu vois, pour se retrouver en face de lui.

Et au lieu de lui demander : « Pardon m’sieur l’agent, s’il vous plaît, pardon m’sieur l’agent, est-ce que vous savez où ça se trouve la rue Marbeuf, s’il vous plaît m’sieur l’agent ? » Lui, il dit : « Casse-toi connard. casse-toi de mon chemin, ôte-toi de là sale flic, pédé, ta gueule, j’t’emmerde, je vous déteste. souvenez-vous, Charonne, métro Charonne, assassins, j’vous pisse à la raie, espèces d’enculés sexuels… »

Je suis témoin… enfin… il était bourré ce soir-là !

Siné, si tu veux, il est poète.

Il dit pareil des juges, des notaires, des bourgeois, des dentistes, des curés, des rabbins. des ayatollahs, des krishnas, des militaires, des politiciens et des marchands de couleurs.

Siné, il est très franc : il appelle un chat un chat et un stalinien tête de chien. Il appelle un chien Rintintin, Rex ou Pif selon qu’il est chien militaire, chien policier ou chien de communiste.

Je conclurai en disant qu’outre toutes ses qualités fondamentales, Siné est fidèle en amitié comme en amour. En amour surtout…

La preuve, c’est qu’à chaque fois qu’il se barre tout seul à Bangkok pour se refaire une santé, eh bien, il descend toujours dans le même hôtel.

Super fidèle en amour, j’vous dis. C’est pas sa femme qui va me contre­dire, hein… chérie ?

Tel que mentionné à la « Putain d’expo ! » :

Sans abandonner ni son humour ni sa profonde affection pour le président, l’artiste exprime son opposition au sommet du G7 et insiste auprès de François Mitterrand pour que le Parti socialiste prenne d’urgence position sur l’abolition de la dette. La lettre n’a peut-être jamais été envoyée.

Cher tonton,

Comment allez-vous ? Moi je vais bien, merci. J’ai bien pris acte de votre geste symbolique d’annulation de la dette envers 35 pays africains le mois dernier à Dakar. C’est vach’ment sympa. Et vach’ment lucide. Car l’auraient-ils jamais remboursée ?

Comment rembourser une dette qui les saigne quand par ailleurs ils doivent honorer les factures des matériels militaires que nous leur vendons ? Comment redresser leur économie quand nous leur payons à vil prix leurs matières premières, exploitons dans nos sociétés leur main-d’œuvre que trop souvent nous opprimons et à qui nous proposons l’intégration mais pas le droit de vote, comment donner à ces pays endettés un poids quelconque dans la gestion de l’économie mondiale quand nos marchés boursiers, par le jeu de la spéculation et les magouilles des affairistes, les réduisent même à brader les prix de leur pétrole qui constituait jusqu’à hier leur seule force économique ?

Votre geste, pour sympathique qu’il fut, et que je mets dans ma naïveté peut-être sur le compte de votre « Humanisme », sera-t-il limité à ces pays ou bien imité par vos homologues que vous recevrez bientôt et étendu à l’ensemble des pays débiteurs ? Puisque la France a pris l’initiative de réunir à Paris le sommet des Maîtres du Monde à l’heure où elle fête les Sans-Culottes, ce que nous sommes nombreux à juger déplacé voire scandaleux, puisse, au moins, de ce sommet se dégager les voies et les moyens d’aider réellement des peuples exsangues à se relever, leur économie à se redresser. Sinon, combien de temps encore verrons-nous des pays naguère prospères contraints de sombrer dans l’assistanat humanitaire et poussant ses enfants à des émeutes de la faim systématiquement réprimés avec les plus extrême sauvagerie ?

Tel que mentionné à la « Putain d’expo ! » :

Tribune publiée le 30 juin 1984 dans Le Monde contre la tenue du G7 à Paris le 14 juillet. Renaud y annonce sa décision de fêter les « sans-culottes » d’aujourd’hui une semaine plus tôt.

Seigneurs de guerre, saigneur des peuples qui allez vous réunir bientôt à Paris, je ne vous souhaite pas la bienvenue. Votre présence dans ma ville va me gâcher mon 14-juillet. Non pas que je prenne plaisir à festoyer ce jour-là avec mon beauf’ en célébrant des idéaux vieux de deux siècles que l’on n’a cessé de bafouer depuis, j’ai une sainte horreur des fêtes d’Etat quand elles sont prétexte à défilés militaires, à déploiement de drapeaux, à consensus autour d’une bière ou d’un discours pompeux, mais ce 14 juillet 1989 avait quelque chose de symbolique que votre présence va salir. Mon petit bal des pompiers est à l’eau, merci, bravo !

Tant pis, tant mieux ! Nous ferons la fête une semaine plus tôt. Et, puisque cette année nous devions célébrer les sans-culotte d’hier dont vous osez revendiquer l’héritage, eh bien nous fêterons ceux d’aujourd’hui : les sans-pain, les sans-travail, les sans-joie, les sans-espoir, les sans-lumière. Ceux là n’existent pas que dans nos mémoires ou dans les livres d’histoire. Ils SONT l’histoire d’aujourd’hui, ils sont les victimes de votre système, de vos lois, de votre impérialisme économique, de la dette et de l’apartheid. Et ils vous accusent.

Ils meurent au Sahel ou en Kanaky, dans la forêt amazonienne ou dans les townships de Johannesburg, dans les prisons d’Ulster, dans les boues d’Almeiria, dans les émeutes de la faim à Alger, Caracas, à Buenos Aires, sous les chenilles des chars à Pékin, sous les gaz chimiques au Kurdistan. Ils sont kanaks, africains, kurdes, indiens, haitiens, palestiniens, amérindiens, ils vivent dans des camps au Soudan, au Cambodge en Palestine, dans des bidonvilles à Kinshasa, à Rio, à Soweto, ils sont des centaines de millions sur cette planète bleue, vous serez sept à Paris.

Ils n’ont plus la parole, nous la leur rendrons. Nous chanterons la Révolution à venir pendant que vous croirez commémorer celle passée, sans même réaliser à quel point votre Sommet l’insulte.

Nous crierons « Dette, apartheid, colonies, ça suffat comme ci » pendant que vous ferez vos comptes jusqu’au jour où les damnés de la terre vous en demanderont !

  • Manuscrit de « La Marseillaise de les enfants »

Tel que mentionné à la « Putain d’expo ! » :

La Révolution et la Marseillaise revisites par l’artiste.

Respectez les fautes S.V.P

La Marseillaise de les enfants

quand tous le hommes de le monde
ensemble se rassembleront
Pour terrasser la bête immonde :
Le travail qui use et qui rompt !
Le travail qui use et qui rompt !

Alors les femmes et les hommes,
les enfants, les chats et les chiens,
Pourront piquer un petit somme
Sans l’angoisse de les lendemains…

                         Plus jamais au charbon
                         Nous n’nous en allerons !
Refrain :           Rêvons du monde

                         Sans opprimation
                         Que nous bâtisserons !!!

  • Renaud en première page d’agendas scolaires 88/89

  • Renaud en vedette pour le mois de janvier du « Calendrier du show biz» de 1989

  • Renaud en première page du magazine « Révolution » n° 487 (30 juin au 6 juillet 1989)

  • Renaud en première page du magazine « La Vie » n° 2288 (6 juillet 1989)