Crève salope

Une chanson écrite et composée par Renaud en 1968, ici chantée « a cappella » :

Crève salope est la première chanson de Renaud, écrite à l’âge de seize ans. Elle fut apparemment inspirée par un tract du même nom publié à Bordeaux en avril 1968.

Elle fut chantée a cappella dans la Sorbonne occupée mais n’a jamais été éditée en disque. Devenu un « mini hymne » de Mai 68, elle a été reprise sur les barricades. La « salope », c’est la société. Chaque couplet dénonce une forme d’autorité (paternelle, professorale, policière et religieuse). À la fin de la chanson, l’autorité de l’État met fin à cette rébellion.

Selon Wikipedia.fr, voici ce qu’en dit Renaud :

« C’était ma première chanson Crève Salope. Une chanson qui a fait le tour des lycées, qui est devenu un hymne en 68. Je l’ai chantée à la Sorbonne et au lycée Montaigne occupé. Au premier couplet, je remets en cause l’autorité du père, ensuite du prof, du flic et du curé. Je l’ai chantée partout et tous les types qu’avaient une guitare disaient : « Ouah, super ! » Le refrain était très populaire, très entraînant, très à chanter en chœur. Le premier mec avec une guitare me disait : « Ouah, écris-moi les paroles, je vais les chanter ». Et il rentrait dans son comité d’action, dans son lycée à lui. Et puis, ça a fait le tour de Paris. Il y a au moins cinq cents personnes qui l’ont écoutée, cette chanson. »

Et voici ce qu’il en dit dans son autobiographie (Comme un enfant perdu – Autobiographie, mai 2016), à la suite du récit de sa rencontre avec le chanteur Évariste (Joël Sternheimer) :

« Ma guitare sur les genoux, un tract retourné pour bloc-notes, j’écris et je compose ce jour-là en une petite heure Crève salope ! […] Le soir même, j’interprète ma chanson dans un des amphis bondés de la Sorbonne. On applaudit, on me réclame la musique, les paroles. La musique, je ne sais ni l’écrire ni la lire, j’ai emprunté trois accords à Hugues Aufray. Mais je distribue les paroles et quelques jours plus tard, j’apprends que Crève salope ! est reprise dans les lycées occupés et dans plusieurs universités. D’une outrance affligeante, ma chansonnette n’en devient pas moins un des hymnes de Mai 68. Quelques jours plus tard, de passage à la maison, j’entonne mon premier « succès » devant mes parents. Quand j’y songe aujourd’hui, un demi-siècle plus tard, j’en ai les larmes aux yeux. Certes, j’ai l’excuse de mes seize ans, de l’ivresse dans laquelle je baigne nuit et jour depuis le début du printemps, mais quand même. Comment est-ce que j’ose assener de telles insultes à mon pauvre père ? Je le vois pâlir, se décomposer, alors même que dans ma naïveté j’attends qu’il me félicite pour cette première « œuvre », paroles et musique de son fils, n’est-ce pas ? « C’est ignoble ! Une chanson de petit voyou ! Tu me fais honte », grince-t-il, avant de quitter la pièce. »

  • Renaud est revenu sur la chanson « Crève salope » durant une interview dans l’émission « Cargo de Nuit » diffusée le 5 février 1986 sur RTBF

  • Renaud, sa mère Solange, son frère Thierry et son père Olivier ont parlé de cette chanson en 2004 :

Sources :
Wikipedia.fr
– « Docteur Renaud, Mister Renard » (Radios Francophones Publiques (RFP)) (été 2004)

  • Le 1er mai 2018, soit 50 ans plus tard, Claire Chazal revenait sur les événements de mai 68, mentionnant Renaud à plusieurs occasions :

De « Crève salope » de Renaud à « Street Fighting Man » des Rolling Stones, en passant par « Paris mai » de Claude Nougaro, beaucoup de musiques ont été inspirées par les événements de Mai-68. Les chanteurs tels que Léo Ferré ou Georges Brassens s’en prennent depuis longtemps au pouvoir et à la censure mais c’est la nouvelle génération qui va annoncer la contestation à venir

Source : Extrait de « Entrée libre », diffusée le 1er mai 2018 sur France 5.

  • Le 9 janvier 2019, la chaîne de télévision C8 faisant un retour sur cette chanson lors de l’émission spéciale « Renaud, toujours debout ! » :