Putain de camion (paroles)

Putain de camion est le huitième album studio de Renaud sorti en avril 1988. L’album et la chanson titre sont dédiés aux enfants de son ami Coluche, mort quelques années plus tôt, en 1986, en percutant un camion à moto, et à sa fille Lolita dont l’humoriste était le parrain. La couverture affiche sobrement un bouquet de coquelicots (les fleurs préférées de Coluche) sur un fond noir :

Une dédicace s’adresse à Marius et Romain, les deux fils que le comique a laissé orphelins.

Voici les pochettes des 45 tours extraits de l’album :

Pour vous procurer cet album, c’est par ici !

Voici plusieurs articles sur ce huitième album studio de Renaud :

Et voici les paroles de toutes les chansons de l’album :

1. Jonathan
    (Chanson dédiée à Johnny Clegg. Paroles de Renaud Séchan, musique de Luc Bertin)

U jonathane uyi judana
Uyi sihlanyana
U’mngisana uhi nzulana
Kodwa u jonathane u m’afrika
Nge nzalo
Irebele, elehlaza elemile
Irebele, elehlaza elemile

Entre guitare et fusil
Jonathan a bien choisi
Ses chansons sont des pavés
Des brûlots
Qui donnent des ailes aux marmots
Sa musique a fait rouiller
Les barbelés
Et scié bien des barreaux
A Soweto, dans le ghetto
Jonathan pourtant ne porte aucun drapeau

Entre le noir et le blanc
Jonathan n’a pas choisi
Car depuis la nuit des temps
Il sait aussi
Que tous les salauds sont gris

Que l’homme est un loup pour l’homme
Un peu partout
Jonathan sait pourtant
Qu’à Soweto, dans le ghetto
Des loups blancs sont plus sauvages et plus méchants

Jonathan est un peu feuj’ et un peu fou
Un peu british, un peu zoulou
Mais Jonathan est Africain avant tout
Rebelle vivant et debout

Entre les loups, les agneaux,
Jonathan, je t’ai choisi.
Tu m’as raconté Neil Aggett
Et Steve Biko.
Assassinés par les fachos.

Moi, je t’ai parlé d’Éloi Machoro
Des enfoirés qu’ont eu sa peau
Et puis Loïc, et puis nos flics
Jonathan, prête-moi ta guitare que j’t’explique

Jonathan, je suis comme toi un peu fou
Un peu kanak, un peu zoulou,
Un peu beur, un peu basque, un peu tout,
Rebelle, vivant et debout

Entre guitare et fusil
Jonathan a bien choisi.
Ses chansons sont des pavés
Des brûlots
Qui donnent des ailes aux marmots.
Sa musique a fait rouiller
Les barbelés
Et scié bien des barreaux

A Soweto, dans le ghetto
Jonathan pourtant ne porte aucun drapeau.

2. Il pleut
    (Renaud Séchan)

Tu peux pas t’casser, y pleut
Ça va tout mouiller tes ch’veux
J’sais qu’ tu s’ras jolie quand même
Mais quand même tu s’ras partie
Moi, y m’restera à peine
Que ma peine et mon envie
De te coller quelques beignes
Et quelques baisers aussi

Fais gaffe, dehors c’est pas mieux
Y’a d’la haine dans tous les yeux
Y’a des salauds très dang’reux
Et des imbéciles heureux
Je suis mille fois meilleur qu’eux
Pour soigner tes petits bleus
Tu peux t’casser, y pleut

Ça va tout mouiller tes ch’veux
T’aurais pu attendre un peu
J’allais bientôt être vieux
Tu peux pas t’casser, y pleut
Ça va tout mouiller tes ch’veux

Tu peux pas t’casser parc’que
T’as pas l’droit c’est pas du jeu
On avait dit que tous les deux
On resterait près du feu
T’aurais pu attendre un peu
J’allais bientôt être vieux
Tu peux pas t’casser, y pleut
Ça va tout mouiller tes ch’veux

Tu peux pas t’casser, je t’aime
A m’en taillader les veines
Et pi d’abord ça suffit

On s’casse pas à six ans et d’mi
Allez, d’accord, t’as gagné
Je te rallume la télé
Mais tu n’peux pas t’casser, y pleut
Ça va tout mouiller tes ch’veux

Tu n’peux pas t’casser, y pleut
Ça va tout mouiller mes yeux

3. La Mère à Titi
    (Paroles de Renaud Séchan, musique de Franck Langolff)

Sur la tabl’ du salon
Qui brille comme un soulier
Y’a un joli napp’ron
Et une huitr’-cendrier

Y’a des fruits en plastique
Vach’ment bien imités
Dans une coupe en cristal
Vach’ment bien ébréchée

Sur le mur, dans l’entrée
Y’a des cornes de chamois
Pour accrocher les clés
D’la cave où on va pas

Les statuettes africaines
Côtoient sur l’étagère

Les p’tites bestioles en verre
Salop’ries vénitiennes

C’est tout p’tit chez la mère à Titi
C’est un peu l’Italie
C’est l’bonheur, la misère et l’ennui,
C’est la mort c’est la vie

Y’a une belle corrida
Sur un moche éventail
Posé au d’ssus du sofa
Comme un épouvantail

Sur la dentelle noire
Y’a la mort d’un taureau
Qui a du mal à croire
Qu’il est plus sous Franco

Y’a une pauvre Vierge
Les deux pieds dans la flotte
Qui se couvre de neige
Lorsque tu la gigotes

Le baromètr’ crétin
Dans l’ancre de marine
Et la photo du chien
Tirée d’un magazine

C’est tout p’tit chez la mère à Titi
Mais y’a tout c’que j’te dis
C’te femme-là, si tu la connais pas
T’y crois pas, t’y crois pas

Sur la télé qui trône
Un jour, j’ai vu un livre
J’crois qu’c’était Le Grand Meaulnes

Près d’la marmite en cuivre

Dans le porte-journaux
En rotin, tu t’en doutes,
Y’a Nous Deux, l’Figaro,
L’catalogue d’la Redoute

Pi au bout du couloir
Y’a la piaule à mon pote
Où vivent ses guitares
Son blouson et ses bottes

Sa collec’ de B.D.
Et au milieu du souk
Le mégot d’un tarpé
Et un vieux New Look

C’est tout p’tit, chez la mère à Titi
Le Titi y s’en fout
Y m’ dit qu’sa vie est toute petite aussi
Et qu’chez lui, c’est partout

Quand y parle de s’barrer
Sa mère lui dit qu’il est louf’
Qu’il est même pas marié
Qu’ses gonzesses sont des pouf’

Et qu’si y s’en allait
Pas question qu’y revienne
Avec son linge sale à laver
A la fin d’chaque semaine

Alors y reste là
Étouffé mais aimé
S’occupe un peu des chats
En attendant d’bosser

Y voudrait faire chanteur
Sa mère y croit d’ailleurs
Vu qu’il a une belle voix
Comme avait son papa

C’est tout p’tit, chez la mère à Titi
C’est un peu l’Italie
C’est l’bonheur, la misère, et l’ennui
C’est la mort, c’est la vie

4. Triviale poursuite
    (Paroles de Renaud Séchan, musique de Franck Langolff)

Question d’histoire d’abord :
Où est la Palestine ?
Sous quelle botte étoilée ?
Derrière quels barbelés ?
Sous quel champ de ruines ?

Question d’histoire encore :
Combien de victimes,
Combien milliers d’enfants
Dans les décombres des camps
Deviendront combattants.

Question d’géographie :
Où est la Kanaky ?
Combien de flics, de soldats
Pour tenir Nouméa.
Pour flinguer Eloi ?

Combien de petits blancs,
De colons arrogants
Se partagent la terre
Et combien de misère
Pour le peuple kanak ?
Combien de coups de matraque ?

Question de sport :
Qui détiendra le record
Et restera vivant,
Libre et innocent,
Derrière des barreaux ?
Vingt ans pour Otelo,
Autant pour Mandela
Et combien de hors-la-loi
Chez ces p’tits juges en bois
Dont on fait les salauds ?

J’en sais rien, j’donne ma langue au chagrin
Si tu sais, toi, souffle-moi.

Question science et nature :
Où balancer ces ordures ?
Allez, à la Vologne !
Ces chiens qui assassinent,
Ces rats qui emprisonnent !
Question d’littérature :
Qui a écrit que les hommes
Naissaient libres et égaux ?
Libres mais dans le troupeau,
Égaux devant les bourreaux ?

J’en sais rien, j’donne ma langue au chagrin
Si tu sais, toi, souffle-moi
Souffre-moi
Souffre-moi

5. Me jette pas
    (Renaud Séchan)

Ben tu vois
Même moi
J’ai craqué
J’ai glissé
Quelquefois

Qu’est-c’tu crois ?
Qu’j’suis en bois ?
Qu’ces pisseuses
Aguicheuses
Me laissent froid

Même moi
Qu’est-c’tu crois ?
Qu’j’suis un ange ?
Qu’ça m’démange
Pas un peu ?

Déteste-moi
Mon amour

J’aimerai ça
Pas toujours
Mais un peu

Mais me jette pas
J’suis consigné chez toi
Me jette pas
Ou jette-toi avec moi

Tu r’marqu’ras
Qu’j’ai pas nié
Pris la main
Dans l’panier
J’ai avoué

J’ai pas dit
C’est pas moi
Cette fille j’la
Connais pas

J’la connais

Après tout
Tu t’en fous
Tu savais
Qu’la vie est
Dégueulasse

Que l’amour
Dure toujours
Et qu’c’est là
Qu’est parfois
L’angoisse

Mais me jette pas
N’existe pas
sans moi
Me jette pas
Ou jette-toi avec moi

T’as raison
Les hommes sont
Des salauds
Des pas beaux
C’est pour ça
Que j’ préfère
Les nanas
J’les préfère
Un peu trop
Quelquefois

Tu m’dis qu’toi
C’que t’aimes pas
C’est l’mensonge
Que ça t’ronge
Et qu’tu meurs

Moi c’est la
Vérité
Que j’trouve triste

A pleurer
Et je pleure

Mais me jette pas
Je me f’rai tout p’tit, tout plat
Me jette pas
Ou jette-toi avec moi

Y’a pas d’ange
Sur cette terre
A part dans
Les cimetières
Les églises
Y’a qu’des types
Comme il faut
‘vec leur bite
Leur couteau
Sous la ch’mise

J’suis qu’un mec
Fais avec
Mais fais pas
Comme moi
Mon amour
Ou à peine
Pour t’venger
Mais sans haine
Sans regret
Et sans amour

Mais me jette pas
Moi non plus je n’aime pas
Me jette pas
Ou jette-toi avec moi

6. Rouge-gorge
    (Renaud Séchan. Dédiée à Robert Doisneau)

Prolo ordinaire
Peuple de Paris
Rouge-gorge est fier
D’être né ici
Quartier populaire
Bistrots et bougnats
Et marchés couverts
Rues des enfants rois

Rouge-gorge doit
Son surnom bizarre
A sa jolie voix
Et à son foulard Rouge
son foulard
Autour de son cou
Rouge sa mémoire
A jamais debout

Rouge-gorge chante
Le temps des Cerises
Dans les rue vivantes
Lorsqu’un jour arrive
Le temps des noyaux
Et des bulldozers
Et des vrais salauds
En costumes chers

Quelque sous-ministre
A attaché-case
Et mine sinistre
L’âme versaillaise
Décrète trop vieux
Tout ce quartier-là
Y foutra le feu
Si l’vieux s’en va pas

Rasée la maison
Détruit l’atelier
Des cages en béton
Les ont remplacés
Adieu, réverbères
Ampoules au plafond
Bonjour la lumière
Des tristes néons

Chassés les prolos
Et chassée la vie
Parkings et bureaux
Ont bouffé Paris
Les petites gens
Sont des gens sérieux
Iront gentiment
Peupler les banlieues.

Chante, Rouge-gorge,
Le Temps des Cerises

Savigny-sur-Orge
Paraîtra moins grise
Chante aussi Paname
Que les assassins
Ont livré aux flammes
Sans brûler leurs mains

Chante la mémoire
Que Doisneau préserve
De Paris, le soir
D’avant qu’elle crève
Chante la bâtarde
Paris-la-soumise
Que Doisneau regarde
Et qui agonise…
Qui agonise…

7. Allongés sous les vagues
    (Renaud Séchan)

Allongés sous les vagues
Le soleil dans les yeux
Loin des cris de la plage
Où s’ébattent joyeux

Des enfants dérisoires
Des crétins boutonneux
Des lecteurs de France Soir
Et des chiens dangereux

On est bien tous les deux
Si bien que peu s’en faut
Qu’un aigri malheureux
Ne nous jette un seau d’eau

Allongés sous les vagues
S’appelle ma chanson

Plus c’est con, plus ça passe
A la télévision

Il faisait du soleil
Ou faisait du vélo
Moi je l’ai vue pareille
À Marilyn Garbo

Sortie d’une aquarelle
Dans sa ch’mise à carreaux
Elle était plus que belle
Je n’étais pas que beau

Elle pédalait, volage
Dans les dunes, superbe
Parfumée d’Eau Sauvage
Et ça sent pas la merde

Dévorés par les nuages
S’appelle mon poème
Plus c’est con, plus ça passe
Sur les radios FM

Sur ma planche de surf
Moi je fendais l’écume
Je suais comme un bœuf
Mais bon, j’avais un rhume

J’étais musclé comme un
Copain d’Marlon Brando
Qu’est pas sur la photo
Mais qu’est musclé très bien

Quand elle m’a vu si beau
Comme une pierre elle est
Tombée de son vélo

Et s’est mise à rier

Poursuivis par les crabes
S’appelle ma ballade
Plus c’est con, plus ça passe
Dans les boîtes minables

Je lui ai dit : Mignonne
Viens me rejoindre à l’eau
Quand on y est, elle est bonne
Quel talent ! Quel culot !

Elle a mis dans la s’conde
Son string clouté Prisunic
Et a plongé dans l’onde
Et les sacs en plastique

Depuis nous nous aimons
Comme s’aiment les oiseaux
Les huîtres, les poissons
Et puis les pédalos

Qu’est ce qu’y faut pas chanter
Comme conneries affligeantes
Pour espérer entrer
Un jour au Top Cinquante

Qu’est ce qu’y faut pas chanter
Comme conneries édifiantes
Pour espérer entrer
Un jour au Top 50

8. Cent ans
    (Paroles de Renaud Séchan, musique de Pierre-Jean Gidon)

J’ai cent ans et j’suis bien content
J’suis assis sur un banc
Et j’regarde mes contemporains
C’est dire si j’contemple rien
J’file des coups d’canne aux passants
Des coups d’pompe aux clébards
Qui m’énervent et j’me marre
On peut rien m’dire, j’suis trop vieux,
Trop fragile, trop précieux
J’ai cent ans, qui dit mieux

J’ai plus d’amour, plus d’plaisir
Plus de haine, plus d’désirs
Plus rien
Mais j’suis comme le platane
Un peu d’pluie, j’suis en vie, ça m’suffit
J’suis bien

J’ai des marmots qui m’courent partout autour
Des gonzesses moins, mais ça mange pas d’pain
J’parle aux oiseaux, comme disait l’autre idiot
Et j’me d’mande où j’ai mis mon chapeau

J’ai cent ans et j’suis bien content
J’ai encore mal aux dents
Mais la souffrance c’est très rassurant
Ça n’arrive qu’aux vivants
J’attends tranquille sur mon banc
Que ce vieux monde explose
Tant il se décompose
Moi, ça fait quatre-vingt-quinze ans
Que j’crois plus à grand chose
Il est temps qu’ j’me repose

J’ai plus d’amour, plus d’plaisir,
Plus de haine, plus d’désirs,
Plus rien

Mais j’suis comme le platane
Comme ma canne, j’suis solide et ancien
J’suis bien

J’souhaite pas aux p’tits jeunes une bonne guerre
Vu qu’moi j’en ai pas eu, à part Mai 68
Mais j’me rappelle même plus en quelle année c’était
Ni qui c’est qu’avait gagné.

J’ai pas cent ans, je faisais semblant
C’étaient qu’des mots, du vent
Mais j’aimerais bien les avoir demain
Même aujourd’hui j’veux bien
Pour jouir enfin du bonheur
D’avoir pu traverser
Sans me faire écraser
Cette pute de vie, ses malheurs

Ses horreurs, ses dangers
Et ses passages cloutés

9. Socialiste
    (Renaud Séchan)

(« Socialiste », chanson poétique et révolutionnaire)

J’peux pas dire qu’elle était vulgaire
Ou arrogante
L’était même plutôt au contraire
Elégante
Comme une tartine du confiture
Dans l’café
Comme un graffiti sur le mur
Des WC

J’l’ai rencontrée dans une manif
Pacifiste
Ça castagnait sérieux avec
La police
J’ m’étais fait mal en balançant
Un pavé
J’m’étais foulé la ch’ville de bras
Le poignet

Elle était socialiste
Protestante et féministe
Un peu chiante et un peu triste
Institutrice

Croyait qu’le matin du grand soir
Allait v’nir
Croyait au grand souffle d’espoir
Sur l’avenir
Genre de conn’ries qu’déjà quèqu’part
J’avais lues
Dans Minute ou dans un journal
Je sais plus

Elle m’a parlé d’Bernard Tapie
Enthousiaste
M’a dit qu’il avait du génie

Et d’la classe
J’lui ai dit : t’as raison, Ginette,
C’est Karl Marx
En plus balèze, en plus honnête
En plus efficace

Moi j’étais rien-du-toutiste
Anarcho-mitterrandiste
J’sais même pas si ça existe
Mais ça m’excite !

Pi elle m’a dit qu’elle avait des
Relations
Qu’elle était pote avec un pote
A Tonton
Qu’elle avait dîné y’a un mois
Chez Jack Lang
Que Guy Bedos avait r’pris quatr’fois

De la viande

J’ui ai dit qu’moi j’fréquentais plus
Les salons
Que j’avais connu Charles Hernu
En prison
Qu’j’avais bouffé une fois dans un
Ministère
Qu’objectivement c’était meilleur
Chez ma mère

Elle était socialiste
S’ méfiait des écologistes
Détestait les communistes
Et les dentistes

(Ah bon?
Ouais ouais
Pourquoi?
Ça fait mal!)

J’ui ai dit : Ginette, faut plus m’parler
D’politique

On va finir par s’engueuler
C’est classique
Comment veux-tu que j’sois d’accord
Avec toi
J’ai d’jà du mal à être d’accord
Avec moi

Elle m’a dit : J’m’appelle pas Ginette
D’toute façon
J’m’appelle Simone, si ça t’fait rien
J’ai dit : Bon
Pi faut qu’ j’m’en aille, faut qu’je retourne
Gare de Lyon
Avant qu’on m’vole ma mobylette
Ça s’rait con

C’est comme ça qu’ ma socialiste
Qui avait si peur des voleurs

M’a largué en pleine manif’
À cause d’un vélomoteur

Comment tu veux changer la vie
Si tu balises pour ton bien
On peut pas être à la fois
Un mouton et un mutin

On peut pas être à la fois
Et au four et au moulin
On peut pas être à la fois
Jean Dutourd et Jean Moulin…

10. Petite
    (Paroles de Renaud Séchan, musique de Franck Langolff)

Un briquet allumé dans ton p’t’it poing levé
Ton regard qui se noie dans mes yeux délavés
Un keffieh un peu louche jeté sur tes épaules
Mon prénom dans ta bouche, ma photo dans ta piaule

Tes lèvres qui murmurent ces futiles refrains
Qui rouvrent des blessures dans ton cœur et le mien
Ton sourire un peu triste, une larme en cadeau
A l’accordéoniste qui fait pleurer mes mots

Quinze ans, seize ans à peine
Garde-moi ton amour
Garde-toi de la haine
Quinze ans, seize ans, je t’aime

Comme j’aime le jour,
Petite, qui se lève

Une petite main jaune au revers du zomblou
Un côté un peu zone pour crier ton dégoût
De ce monde trop vieux, trop sale et trop méchant
De ces gens silencieux, endormis et contents

Quinze ans, seize ans à peine
Garde-moi ton amour
Garde-toi de la haine
Quinze ans, seize ans, je t’aime
Comme j’aime le jour
Petite qui se lève

Et puis ces déchirures à jamais dans ta peau
Comme autant de blessures et de coups de couteau
Cicatrices profondes pour Malik et Abdel
Pour nos frangins qui tombent, pour William et Michel

Quinze ans, seize ans à peine
Garde-leur ton amour
Garde-toi de la haine
Quinze ans, seize ans, je t’aime
Comme j’aime le jour,
Petite qui se lève

Quinze ans, seize ans à peine
Garde-leur ton amour
Garde-toi de la haine
Quinze ans, seize ans, je t’aime
Comme j’aime le jour,
Petite qui se lève

11. Chanson dégueulasse
    (Paroles de Renaud Séchan, musique de Jean-Louis Roques)

Il s’appelait Hugues, il était pas moche
Pas trop con non plus, y vivait tout seul
Il avait pas la langue dans sa poche
Sinon c’est sa poche qu’aurait pué d’la gueule

L’avait en effet un problème sévère
Qui depuis tout p’tit lui causait souci
Il avait l’haleine d’un vieux camembert
Le souffle violent d’un printemps pourri

Comme un gars qu’aurait bouffé du vautour
Roulé des galoches a un troupeau d’hyènes
Y r’foulait du goulut comme si d’puis toujours
Il’avait embrassé les idées d’Le Pen

Ça schlinguait un peu comme une manque en grève
Comme un sac poubelle longtemps oublié

Comme un poisson mort échoué sur la grève
Comme une charogne au fond d’un fossé

Chanson dégueulasse mais chanson profonde
Chanson un peu crasse comme le monde

Il aimait Julie et la Julie donc
L’aimait en retour, elle qui jamais
N’avait pu conquir le cœur de quiconque
Accepta l’amour que le Hugues offrait

La jolie Julie avait elle aussi
Un problème grave, majeur et sérieux
Qui depuis petite lui causait souci
Elle puait des pieds – d’un seul ? non, des deux

Comme quelqu’un qu’aurait marché sur la tête
A Ducon-Pauwels ou à B.H.L.

Comme quelqu’un qu’aurait taillé ses chaussettes
Dans un vieux Libé aux pages culturelles

Ça schlinguait le vestiaire du Parc des Princes
Comme un chien mouillé mort depuis huit jours
Comme un barbecue dimanche en province
Comme un maillot jaune à l’arrivée du tour

Chanson dégueulasse mais chanson jolie
Chanson un peu crasse comme la vie

Tous les deux s’affairent le soir de leurs noces
A se nettoyer ratiches et arpions
Lui frotte ses dents avec un balai-brosse
Les rince au gas-oil, mange du savon

Elle s’est enfermée dans la salle de bains
Se nettoie les pieds au fer à souder

Y verse les plus doux parfums
Shalimar, Opium et Ajax W.C.

Arrivés au lit, malgré leurs efforts
L’odeur est immonde, prenante, torride
Suffocante en diable, débandante à mort
Leur premier amour risque d’être un bide

Il lui dit : Chérie, je dois t’avouer
Mon drame impossible, ma douleur secrète
Elle lui dit : T’inquiète, je l’ai deviné
Mon amour, tu as bouffé mes chaussettes

Chanson dégueulasse mais chanson d’amour
Chanson un peu crasse comme l’amour

Chanson dégueulasse mais chanson d’amour
Chanson un peu crasse comme l’amour

12. Putain de camion
    (Paroles de Renaud Séchan, musique de Franck Langolff)

Putain c’est trop con
Ce putain d’camion
Mais qu’est-ce qui foutait là 
Putain de vie d’merde
T’as roulé dans l’herb’
Et nous tu nous plantes là

J’espère au moins qu’là-haut
Y’a beaucoup moins d’salauds

Tu nous laisses avec les chiens
Avec les méchants, les crétins
Sous un soleil qui brille moins fort et moins loin
J’voudrais m’blotir dans un coin
Avec Marius avec Romain
Pleurer avec eux jusqu’à la saint-glinglin

Putain j’ai la rage
Contre ce virage
Et contre ce jour-là
Où tu t’es vautré
Dir’ qu’c’était l’été
Dans ma tête y fait froid

J’espère au moins qu’là-haut
T’as acheté un vélo

Lolita a plus d’parrain
Nous on n’a plus notre meilleur copain
T’étais un clown mais t’étais pas un pantin
Enfoiré on t’aimait bien
Maintenant on est tous orphelins
Putain d’camion putain d’destin, tiens ça crain

Crédits de l’album

Sources : Wikipédia.fr et Paroles.net