1985 (spectacles – public)


Renaud se produit sur la scène des «  Chanteurs sans frontières. », le 13 octobre 1985 au parc de La Courneuve, lors du concert donné au profit des victimes de la famine en Éthiopie.

Dates Villes Lieux Commentaires
15 juin 1985 Paris Place de la Concorde Concert « Touche pas à mon pote », premier concert de SOS Racisme.
24 juillet 1985 Vitry-sur-Seine Théâtre Jean Vilar Avant le départ de Renaud pour le Festival mondial de la jeunesse et des étudiants à Moscou (voir ci-bas), la mairie communiste de Vitry prête sa salle des fêtes pour une répétition. En réalité la mairie vend des billets, la salle est comble, et le concert est présenté par L’Humanité comme un grand gala de solidarité avec les ouvriers en lutte ! Vous pourrez visionner une copie d’un billet donnant accès au spectacle en cliquant ici.
29 juillet 1985 Moscou Lieu inconnu Lors du Festival mondial de la jeunesse et des étudiants. Un article en lien avec ce spectacle peut être lu en cliquant ici !
30 juillet 1985 Moscou Théâtre de Verdure du Parc Gorki Lors du Festival mondial de la jeunesse et des étudiants.
Plusieurs articles, audios, photos et vidéos ayant trait à ce spectacle peuvent être visionnés ci-bas !
3 août 1985 Moscou Théâtre académique central de l’Armée russe Lors du Festival mondial de la jeunesse et des étudiants. Un article en lien avec ce spectacle peut être lu en cliquant ici !
13 octobre 1985 Paris La Courneuve Concert SOS Éthiopie au profit de Médecins sans frontières.
– Une affiche pour le concert peut être visionnée ici.
– Une copie d’un billet donnant accès au spectacle peut être visionnée ici.
– Un article en lien avec ce spectacle peut être lu en cliquant ici.
– Vous pourrez visionner ci-bas des extraits de ce spectacle !
Date inconnue mes Lieu inconnu
Sources : HLM des fans de Renaud et la « Putain d’expo ! » en hommage à Renaud

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  • Concert en solidarité avec les « SKF » à Vitry le 24 juillet 1985


  • Voyage de Renaud à Moscou, incluant son spectacle au Parc Gorki du 30 juillet 1985

Voici un extrait du concert au cours duquel Renaud interpréta sa chanson « Dès que le vent soufflera ». Vous pourrez vous rendre compte à quel point les russes semblaient apprécier le spectacle… :

Renaud raconte son voyage à Moscou dans son autobiographie Comme un enfant perdu (mai 2016), pour plusieurs un point tournant dans sa carrière :

Le 26 juillet 1985, je m’envole pour Moscou, invité, parmi d’autres artistes, du Festival mondial de la jeunesse et des étudiants.

L’année précédente, je m’étais produit à la Fête de l’Humanité, en France, pour marquer mon attachement à cette « famille » des communistes dont je me sens issu par mon grand-père Oscar, je l’ai dit. Mon attachement, aussi, aux idéaux communistes d’égalité, de justice et de fraternité, et cela, en dépit des dérives assassines du stalinisme.

Découvrir Moscou prend à mes yeux l’allure d’un pèlerinage sur les traces de mon grand-père, qui y séjourna plusieurs mois au début des années 1930, en pleine montée du stalinisme, et en rentra si profondément déçu, avec un sentiment si fort d’avoir été trompé, qu’il en vint à rejoindre Jacques Doriot et les dérives fascisantes de son Parti populaire français…

La douzième édition du festival de Moscou clame ce message qui rejoint précisément les luttes qui me mobilisent depuis Mai 68 : « Pour la solidarité anti-impérialiste, pour la paix et l’amitié. »

Oscar était parti pour Moscou sous la même banderole et, dans les années 1970, quand je défilais en tête de cortège contre l’impérialisme américain et la guerre du Viêtnam, j’aurais pu reprendre ce slogan mot pour mot. Bien sûr, en cette année 1985, l’URSS de Mikhaïl Gorbatchev fait à peu près en Afghanistan ce que les Américains faisaient au Viêtnam, mais je ne confonds pas les peuples et leurs dirigeants, et je suis profondément touché de rencontrer la jeunesse d’un pays que je porte dans mon cœur.

C’est la star soviétique, la chanteuse et comédienne Alla Pougatcheva, qui m’accueille sur scène lors de mon premier concert et me présente, en termes très chaleureux, à un public qui très vite m’ovationne (il est vrai que la salle de mille deux cents places est pleine aux deux tiers de Français).

Le second concert est prévu le lendemain, au théâtre de verdure du parc Gorki, devant huit ou dix mille spectateurs. L’amphithéâtre à ciel ouvert est plein lorsque j’entonne Dès que le vent soufflera pour ouvrir la fête et chauffer l’atmosphère. J’ai bien remarqué que si tous les premiers rangs sont occupés par mon public habituel, des jeunes, des durs au cœur tendre, des bikers, au-delà, ce sont plutôt des personnes de l’âge de nos parents, mais je ne me méfie pas. Puis je chante Hexagone, Chanson pour Pierrot, En cloque, et la foule devant la scène, manifestement ivre de plaisir, reprend en choeur les refrains et m’applaudit debout.

Qu’est-ce qui me fait prononcer quelques mots pour annoncer Déserteur ? Peut-être l’intuition que mon anarchisme écolo, ou mon antimilitarisme viscéral, pourrait moins bien passer ici qu’en France. « Un chanteur doit être impertinent, provocateur, dis-je à la cantonade. Et puisqu’en France le socialisme s’arrête à la porte des usines et des casernes, voici une chanson impertinente. L’impertinence est une vertu de l’artiste face aux grands de ce monde. »

Oui, c’est ce que je crois de toutes mes forces, car sans l’impertinence, l’air du monde, soudain glacé, ne serait plus respirable, mais à l’instant où j’en arrive au couplet : « Quand les Russes les Ricains / F’ront péter la planète / Moi j’aurai l’air malin / Avec ma bicyclette », j’observe avec stupeur que les projecteurs se tournent comme par magie vers le public et que trois ou quatre mille personnes se lèvent comme un seul homme pour quitter l’amphithéâtre. Dans la seconde, je pressens le piège : tout a donc été soigneusement préparé, prémédité, le public des rangs supérieurs avait ordre de se lever « spontanément » quand je mettrai en cause « les Russes » et les caméras de télévision, également dans le coup, devaient à cet instant suivre les projecteurs et ne rien rater de ce mouvement protestataire en forme d’hémorragie.

Je n’en termine pas moins le concert, sans élever la moindre protestation pour ne pas gâcher la fête, mais c’est une désillusion terrible qui me ramène, bien sûr, à celle qu’a dû vivre mon grand-père un demi-siècle plus tôt dans ce même pays, dans cette même ville. Avec nos idées généreuses, notre naïveté aussi, nous venons à la rencontre d’un peuple censé partager nos idéaux, mais alors nous prenons conscience que tout est faux, qu’en fait de liberté les gens ont peur ou sont manipulés, qu’on nous tourne le dos quand nous élevons la voix comme si nous étions des traîtres, et le sol se dérobe sous nos pas.

Je suis en pleine confusion lorsque je regagne mon hôtel. Le monde a soudain pris pour moi un masque terrifiant. Je croyais y tenir une place, pouvoir exprimer sincèrement à travers mes chansons ce que je pense de juste, de bien ; dans mon ingénuité imbécile, j’avais compris qu’on m’invitait à Moscou pour célébrer ces idéaux, or on m’a trompé, on m’a tendu un piège. Ils voulaient en vérité me faire payer mon impertinence, m’humilier, me condamner publiquement, et ils y ont réussi au-delà de tout puisque ce que retiennent les journaux télévisés de mon concert, c’est ce moment où la foule se lève pour me tourner le dos.

Au fil des heures de la nuit, enfermé dans ma chambre d’hôtel, le brusque revirement de cette foule vient soudain réveiller en moi cette angoisse qui m’a fait fuir le monde sur mon bateau quelques mois plus tôt. Comme si le cauchemar, soudain, devenait réalité : oui, le masque de la haine et du mépris brandi à mon encontre par des milliers de personnes. S’ils ont été capables d’ourdir cet énorme complot contre moi, ils sont capables de bien pire, me dis-je. Et je sens monter une angoisse phénoménale jusqu’à me trouver précipité dans une forme de délire.

(…) Qu’a compris Dominique de ce que j’ai pu lui raconter de mon séjour à Moscou ? Que j’avais assurément vécu le pire cauchemar de mon existence. Mais comment cet affront, minutieusement orchestré par les Jeunesses communistes (nous l’apprendrons par la suite) pour me punir d’avoir critiqué l’invasion de l’Afghanistan par l’Armée rouge, a-t-il pu me précipiter dans un tel délire paranoïaque ? C’est une question à laquelle ni elle ni moi ne sauront répondre. 

Voici quelques audios et vidéos à propos de cet événement marquant pour Renaud :

    • Reportage « Une semaine à Moscou – Renaud au pays des Soviets » réalisé par Alain Taieb et Vincent Lamy et diffusé sur France 3 en août 1985

    • Renaud fait un retour sur son concert à Moscou avec Thierry Ardisson dans l’émission « Scoop à la une » sur TF1 (15 décembre 1985)


Source : ina.fr

Source : RTS

    • Lors d’une interview accordée en 2004, Solange Séchan (la mère de Renaud) se souvient qu’elle avait prévenu Renaud qu’il vaudrait mieux pour lui d’éviter de chanter sa chanson « Déserteur » :

Source : « Docteur Renaud, Mister Renard » (Radios Francophones Publiques (RFP), été 2004)

    • Retour sur les événements du voyage à Moscou de Renaud dans le documentaire « Un jour, un destin : Les raisons de la colère » diffusé sur France 2 le 26 septembre 2012
    • Retour sur les événements du voyage à Moscou de Renaud dans le documentaire « 50′ Inside : UNE STAR, UNE HISTOIRE – Mistral gagnant, l’enfance de Renaud » diffusé sur TF1 le 13 septembre 2014

    • Retour sur les événements du voyage à Moscou de Renaud dans le documentaire « Renaud, en plein cœur » diffusé sur M6 le 5 décembre 2016

À noter la participation de son frère David ainsi que de sa première femme, Dominique Quilichini (une très rare apparition publique pour elle) :

    • En décembre 2016, Renaud revient sur sa tournée en Russie avec Émilie Mazoyer et Jean-Philippe Balasse (extrait diffusé sur Europe 1 dans l’émission « Europe 1 Music Club » du 10 décembre 2016)  

Source : Europe 1

Source : franceinfo

    • Retour sur les événements du voyage à Moscou de Renaud dans le documentaire « Renaud, toujours debout ! » diffusé sur C8 le 9 janvier 2019
    • Retour sur les événements du voyage à Moscou de Renaud dans le documentaire « Renaud, au nom du père » diffusé sur W9 le 29 novembre 2019
    • Retour sur les événements du voyage à Moscou de Renaud dans le documentaire « Renaud, confidentiel » diffusé sur BFMTV le 11 avril 2023

Enfin, voici plusieurs articles traitant de cet événement marquant pour Renaud :

    1. Renaud chez les Soviets (Salut !, n° 259, du 28 août au 10 septembre 1985)
    2. Renaud chez les Soviets (Paroles et Musique, n° 53, octobre 1985)
    3. Concert de Moscou – COUP DE COUTEAU DANS L’ECRAN (Télérama, 2 octobre 1985)
    4. Mme Thatcher tournée en dérision – Renaud, le chanteur à scandale (24 heures, 14 janvier 1986)
    5. Questions coup de poing pour Renaud (Boys and Girls, 16 mars 1986)
    6. Renaud, de la zone au Zénith – Fiasco URSS (Publications Nouvelles, mars 1986)
    7. Renaud Séchan : chanteur de choc (Rock, mars 1986)
    8. Renaud, sincèrement (Télérama, 19 octobre 1988)
    9. Renaud chez la mère à Tito (2) (Renaud dans Charlie Hebdo n° 142, 15 mars 1995)
    10. Renaud : Poursuivi par la police secrète russe (France Dimanche, 5 décembre 2008)
    11. Renaud – Ce gros échec dont il ne s’est jamais remis : « Il ne veut plus en parler » (Purepeople, 14 octobre 2020)
    12. « Ça a été les prémices de sa maladie » : Renaud cible d’un complot ? Ce jour où « ça a pété dans sa tête » en plein concert à Moscou (Télé-Loisirs, 7 avril 2023)
    13. Renaud : « Il a pété les plombs »… Un concert à Moscou à l’origine de la paranoïa du chanteur ? (La Dépêche, 12 avril 2023)
    14. Un concert de Renaud en Russie tourne mal : le chanteur a « pété les plombs » ! (Public, 13 avril 2023)
    15. « C’est devenu l’enfer » : ce concert de Renaud a très mal fini et l’a rendu « parano » (Charts in France, 16 avril 2023)

Voici quelques extraits du spectacle avec Renaud interprétant « En cloque », suivie de « Santiano » en duo avec Hugues Aufray :

  

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