Dans sa chanson « Les charognards », Renaud se souvient d’un événement très particulier :
Il y’a beaucoup de monde dans la rue Pierre Charon
il est 10 heures du mat’ le braquage a foiré
J’ai une balle dans le ventre une autre dans le poumon
J’ai vécu à Sarcelles j’crève aux Champs-Élysées
Je vois la France entière du fond de mes ténèbres
Les charognards sont là, la mort ne vient pas seule
J’ai la connerie humaine comme oraison funèbre
Le regard des curieux comme unique linceul
C’est bien fait pour ta gueule
Tu n’es qu’un p’tit salaud
On n’portera pas le deuil
C’est bien fait pour ta peau
Il est à noter que la chanson enregistrée sur l’album Laisse béton (aussi appelé parfois Place de ma mob) était amputée de deux couplets qu’on peut entendre sur la version en spectacle à Woluwe-Saint-Pierre (Belgique) :
Le coup du train postal, c’était du beau boulot
affirme un photographe, dévoreur de cadavres
les rois d’la cambriole, je leur tire mon chapeau
de mon temps les truands, ne prenaient pas d’otages
Et la putain morose, qui tapinait par là
au milieu de la foule, promène sa silhouette
disant que piller les banques, c’est ignorer la loi
on peut gagner sa vie, de façon plus honnête
Renaud raconte dans son autobiographie « Comme un enfant perdu », sortie en mai 2016 :
L’autre chanson forte de l’album (N.D.L.R. : avec Laisse béton) m’est inspirée par un braquage de banque qui a mal tourné. Je suis dans une bagnole empruntée à un copain, sur les Champs-Élysées, quand j’entends que les mecs viennent de se faire coincer par les flics rue Pierre-Charron, à deux pas de l’endroit où je me trouve. L’un aurait été descendu, l’autre serait blessé. Je fais demi-tour et j’y vais.
Sur place, je vois le type mort allongé sur le bitume, et l’autre qui pisse le sang dans le caniveau, mais qui respire encore. Ce qui me retient sur place, à ce moment-là, ce sont les commentaires des badauds, hallucinants de haine : « Encore des Arabes ! Ils ont leur compte et ils l’ont bien cherché ! Salauds ! Fumiers ! Des ordures pareilles, ça ne devrait pas avoir le droit de naître », etc., etc. Je me rappelle m’être dit que si les braqueurs n’avaient pas été dans cet état, cette foule les aurait lynchés.
En rentrant chez moi, ce soir-là, j’écris d’une traite Les Charognards.
Le 25 septembre 2016, Félicien Fogaerts, dans l’émission « Classic 21 – Protest Song » sur RTBF, décryptait le texte et les différents niveaux de lecture de la chanson « Les charognards » de Renaud :
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