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Un retour aux débuts de Renaud en tant qu’artiste, bien avant la chanson !

« C’est moche c’est sale, c’est dans le vent, c’est le Café de la Gare »

Le 31 octobre 2020, France 5 diffusa un documentaire de Guillaume Meurice et Emilie Valentin retraçant les origines du Café de la Gare, intitulé « C’est moche c’est sale, c’est dans le vent, c’est le Café de la Gare ». En voici la bande annonce, dans laquelle Renaud apparaît brièvement :

Voici un extrait du documentaire au cours duquel Henri Guybet et Sotha discutent du passage de Renaud au Café de la Gare :

Renaud se rappela cette période dans son autobiographie (Comme un enfant perdu – Autobiographiemai 2016) :

À l’été 1971, je me pointe à Belle-Île-en-Mer pour y passer les vacances. Nous avons loué une maison pour une quinzaine de jours et j’ai pris soin d’emporter ma guitare. Nous n’avons aucun programme, si ce n’est l’envie de passer quelques nuits sur la plage à la belle étoile, et je ne me doute pas une seconde que ce séjour à Belle-Île va m’ouvrir les portes d’un monde dont je rêvais confusément sans rien en connaître et où je vais enfin trouver l’espace pour m’exprimer.

Un matin, en me promenant sur le port, j’avise un beatnik dont la dégaine est à peu près la même que la mienne. Le gars m’offre une cigarette et on commence à discuter de choses et d’autres sous le doux soleil d’août, puis très vite de politique, et bien sûr d’amour.

Il s’appelle Patrick Dewaere, et il nous présente ce soir-là sa fiancée, Catherine Sigaux, dite Sotha, et son frère, Dominique. On mange, on boit, on fume, et finalement je vais chercher ma guitare et on se met à chanter. J’entonne Crève, salope ! qu’ils ne connaissaient pas et ils sont morts de rire. Du coup, j’enchaîne avec La Révolution, d’Évariste, Philistins du grand Brassens, d’autres encore, et on se quitte vers 5 heures du mat’.

« Quand tu rentres à Paris, passe nous voir, me dit Patrick Dewaere en partant. On joue dans un café-théâtre, le Café de la gare, à Montparnasse.
— C’est quoi un café-théâtre ?
— Un bistrot où tu peux boire un coup tout en assistant à un spectacle.
— Ah bon ! Alors, vous êtes comédiens ?
— Un peu, oui. On écrit des trucs et on les joue. Sotha écrit pas mal. Mais on est plusieurs, hein. Enfin, tu verras.
— D’accord, je passerai peut-être.
— T’es pas forcé, mais si ça te dit, t’es le bienvenu. »

De retour à Paris, un soir où je n’ai rien de mieux à faire, j’ai soudain l’idée d’aller les voir. Je retrouve Dewaere et Sotha, qui me présentent vaguement les autres membres de la troupe, un certain Coluche, une fille qui se fait appeler Miou-Miou, Romain Bouteille et, surgissant de je ne sais où… Jean-Michel Haas ! Mon camarade Jean-Michel, du CRAC, le Comité révolutionnaire d’action culturelle de la Sorbonne, sans lequel je n’aurais pas connu Évariste ni créé mon indigne chansonnette Crève, salope ! Nous nous serrons chaleureusement la main, et du coup je passe avec eux le reste de la nuit.

C’est ce soir-là, ou le lendemain, qu’ils me proposent, comme si ça allait de soi, de remplacer un certain Gégé qui me ressemble étonnamment : visage famélique, cheveux longs, pas plus épais qu’un sandwich SNCF.

« Gégé veut partir pour l’Amérique, il en a plein le dos de la France, m’expliquent-ils, toi, tu nous as bien plu avec tes chansons, alors si tu veux, on t’engage à sa place. »

Comédien, c’est ma vocation première, du moins c’est ce qu’il me semble, aussi j’hésite, mais je ne dis pas non.

« Je ne suis pas certain de savoir jouer.
— Je t’ai vu chanter devant deux cents personnes, c’est pas plus difficile, prétend l’homme du CRAC.
— T’es fait pour ça, dit Dewaere, ça se voit tout de suite. Reviens voir le spectacle pour t’en imprégner et quand Gégé s’en va, tu le remplaces.
— OK, je veux bien essayer. »

Le Café de la Gare fut créé juste après les événements de mai 68 par un groupe d’amis qui ont restauré une vieille fabrique de ventilateurs passage d’Odessa (dit aussi « passage du Départ »), proche de la gare de Paris-Montparnasse à Paris dans le 14e arrondissement. Chantier collectif où tout le monde met la main à la pâte, le Café de la Gare ouvre le 12 juin 1969 avec ses premiers acteurs-constructeurs-fondateurs : Romain BouteilleColucheSothaPatrick DewaereMiou-Miou et Henri Guybet.

En 1971, le café de la Gare déménage au 41 rue du Temple dans le 4e arrondissement, dans un relais de postes du XVIIe siècle anciennement appelé l’« Auberge de l’Aigle d’Or ». Il devient alors le plus grand café-théâtre de la capitale avec une salle de 450 places :

N’oubliez pas de vous inscrire à la liste de diffusion pour être au courant des ajouts au site ainsi que des nouveautés concernant Renaud (incluant évidemment les vidéos !). 

« C’est moche c’est sale, c’est dans le vent, c’est le Café de la Gare »

Le 31 octobre 2020, France 5 diffusa un documentaire de Guillaume Meurice et Emilie Valentin retraçant les origines du Café de la Gare, intitulé « C’est moche c’est sale, c’est dans le vent, c’est le Café de la Gare ». En voici la bande annonce, dans laquelle Renaud apparaît brièvement :

Vous pourrez visionner ce documentaire jusqu’au 7 novembre 2020 en cliquant ici ! En voici un extrait au cours duquel Henri Guybet et Sotha discutent du passage de Renaud au Café de la Gare :

Renaud se rappela cette période dans son autobiographie (Comme un enfant perdu – Autobiographiemai 2016) :

À l’été 1971, je me pointe à Belle-Île-en-Mer pour y passer les vacances. Nous avons loué une maison pour une quinzaine de jours et j’ai pris soin d’emporter ma guitare. Nous n’avons aucun programme, si ce n’est l’envie de passer quelques nuits sur la plage à la belle étoile, et je ne me doute pas une seconde que ce séjour à Belle-Île va m’ouvrir les portes d’un monde dont je rêvais confusément sans rien en connaître et où je vais enfin trouver l’espace pour m’exprimer.

Un matin, en me promenant sur le port, j’avise un beatnik dont la dégaine est à peu près la même que la mienne. Le gars m’offre une cigarette et on commence à discuter de choses et d’autres sous le doux soleil d’août, puis très vite de politique, et bien sûr d’amour.

Il s’appelle Patrick Dewaere, et il nous présente ce soir-là sa fiancée, Catherine Sigaux, dite Sotha, et son frère, Dominique. On mange, on boit, on fume, et finalement je vais chercher ma guitare et on se met à chanter. J’entonne Crève, salope ! qu’ils ne connaissaient pas et ils sont morts de rire. Du coup, j’enchaîne avec La Révolution, d’Évariste, Philistins du grand Brassens, d’autres encore, et on se quitte vers 5 heures du mat’.

« Quand tu rentres à Paris, passe nous voir, me dit Patrick Dewaere en partant. On joue dans un café-théâtre, le Café de la gare, à Montparnasse.
— C’est quoi un café-théâtre ?
— Un bistrot où tu peux boire un coup tout en assistant à un spectacle.
— Ah bon ! Alors, vous êtes comédiens ?
— Un peu, oui. On écrit des trucs et on les joue. Sotha écrit pas mal. Mais on est plusieurs, hein. Enfin, tu verras.
— D’accord, je passerai peut-être.
— T’es pas forcé, mais si ça te dit, t’es le bienvenu. »

De retour à Paris, un soir où je n’ai rien de mieux à faire, j’ai soudain l’idée d’aller les voir. Je retrouve Dewaere et Sotha, qui me présentent vaguement les autres membres de la troupe, un certain Coluche, une fille qui se fait appeler Miou-Miou, Romain Bouteille et, surgissant de je ne sais où… Jean-Michel Haas ! Mon camarade Jean-Michel, du CRAC, le Comité révolutionnaire d’action culturelle de la Sorbonne, sans lequel je n’aurais pas connu Évariste ni créé mon indigne chansonnette Crève, salope ! Nous nous serrons chaleureusement la main, et du coup je passe avec eux le reste de la nuit.

C’est ce soir-là, ou le lendemain, qu’ils me proposent, comme si ça allait de soi, de remplacer un certain Gégé qui me ressemble étonnamment : visage famélique, cheveux longs, pas plus épais qu’un sandwich SNCF.

« Gégé veut partir pour l’Amérique, il en a plein le dos de la France, m’expliquent-ils, toi, tu nous as bien plu avec tes chansons, alors si tu veux, on t’engage à sa place. »

Comédien, c’est ma vocation première, du moins c’est ce qu’il me semble, aussi j’hésite, mais je ne dis pas non.

« Je ne suis pas certain de savoir jouer.
— Je t’ai vu chanter devant deux cents personnes, c’est pas plus difficile, prétend l’homme du CRAC.
— T’es fait pour ça, dit Dewaere, ça se voit tout de suite. Reviens voir le spectacle pour t’en imprégner et quand Gégé s’en va, tu le remplaces.
— OK, je veux bien essayer. »

Le Café de la Gare fut créé juste après les événements de mai 68 par un groupe d’amis qui ont restauré une vieille fabrique de ventilateurs passage d’Odessa (dit aussi « passage du Départ »), proche de la gare de Paris-Montparnasse à Paris dans le 14e arrondissement. Chantier collectif où tout le monde met la main à la pâte, le Café de la Gare ouvre le 12 juin 1969 avec ses premiers acteurs-constructeurs-fondateurs : Romain BouteilleColucheSothaPatrick DewaereMiou-Miou et Henri Guybet.

En 1971, le café de la Gare déménage au 41 rue du Temple dans le 4e arrondissement, dans un relais de postes du XVIIe siècle anciennement appelé l’« Auberge de l’Aigle d’Or ». Il devient alors le plus grand café-théâtre de la capitale avec une salle de 450 places :

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Eh ! déconne pas Renaud Pierre Manuel…

Le 15 février dernier, l’émission « La Vie Secrète des Chansons », animée par Wendy Bouchard et André Manoukian, avait comme thème « Un prénom masculin, une chanson »  :

Plusieurs prénoms masculins ont été mis à l’honneur dans de célèbres refrains. Certains d’entre eux ont connu la gloire simplement grâce au succès d’une chanson. Il n’y a qu’à citer Gigi pour savoir qu’on parle de Dalida et de son «amoroso». Plusieurs artistes se sont aussi servi d’un prénom comme d’un paravent pour eux-mêmes. C’est un peu le cas du Manu de Renaud. D’autres, comme Carla Bruni, ont tenu à chanter haut et fort le prénom de l’être aimé : un certain Raphaël. Zazie, avec son titre «Adam et Yves», a tenté de faire passer un message. Il arrive aussi que le prénom aide un artiste à panser ses plaies, comme le petit Simon chanté par Hugues Aufray.

Voici le passage de l’émission à propos de la fameuse chanson Manu de Renaud :

Renaud raconte dans son autobiographie « Comme un enfant perdu », sortie en mai 2016 :

Dominique entre donc dans ma vie avant la sortie de mon second album – qui lui est dédié, et bien avant que je connaisse le succès. Elle y entre sur la pointe des pieds, toujours attachée à Gérard Lanvin et donc le cœur déchiré. Pendant toute une période, elle dort avec moi une nuit ou deux, puis retourne dormir avec Gérard, avant de revenir vers moi.

C’est un cauchemar, je l’aime plus que tout, et je ne supporte pas l’idée qu’elle soit dans les bras d’un autre, fût-il son mari. Je suis malade de jalousie et les soirs où elle n’est pas là je me réfugie dans le bistrot de Mme David, Au Rendez-vous des amis, à côté de La Veuve Pichard, le café-théâtre des Lanvin. Je me confie à Mme David qui nous connaît tous, qui voit Dominique et Gérard tous les jours et qui peut donc mesurer dans quel dilemme, dans quelle souffrance je me débats. Je lui répète que je suis fou de Dominique, que je préfère mourir que de la perdre, et elle a l’infinie bonté de m’écouter jusqu’à pas d’heure, de me nourrir, de m’abreuver.

C’est en repensant à ces soirées sans fin, où je m’abrutissais à la bière, que j’écrirai quelques années plus tard Manu, cette chanson qui porte mon troisième prénom – Renaud Pierre Manuel :

Eh ! Manu rentre chez toi
Y a des larmes plein ta bière
Le bistrot va fermer
Pis tu gonfles la taulière
J’croyais qu’un mec en cuir
Ça pouvait pas chialer
J’pensais même que souffrir
Ça pouvait pas t’arriver
J’oubliais qu’tes tatouages
Et ta lame de couteau
C’est surtout un blindage
Pour ton cœur d’artichaut

Eh ! déconne pas Manu
Va pas t’tailler les veines
Une gonzesse de perdue
C’est dix copains qui r’viennent.

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Y’a beaucoup de monde dans la rue Pierre Charon…

Dans sa chanson « Les charognards », Renaud se souvient d’un événement très particulier :

Il y’a beaucoup de monde dans la rue Pierre Charon 
il est 10 heures du mat’ le braquage a foiré 
J’ai une balle dans le ventre une autre dans le poumon 
J’ai vécu à Sarcelles j’crève aux Champs-Élysées

Je vois la France entière du fond de mes ténèbres 
Les charognards sont là, la mort ne vient pas seule 
J’ai la connerie humaine comme oraison funèbre 
Le regard des curieux comme unique linceul

C’est bien fait pour ta gueule 
Tu n’es qu’un p’tit salaud 
On n’portera pas le deuil 
C’est bien fait pour ta peau

Il est à noter que la chanson enregistrée sur l’album Laisse béton (aussi appelé parfois Place de ma mob) était amputée de deux couplets qu’on peut entendre sur la version en spectacle à Woluwe-Saint-Pierre (Belgique) :

Le coup du train postal, c’était du beau boulot
affirme un photographe, dévoreur de cadavres
les rois d’la cambriole, je leur tire mon chapeau
de mon temps les truands, ne prenaient pas d’otages

Et la putain morose, qui tapinait par là
au milieu de la foule, promène sa silhouette
disant que piller les banques, c’est ignorer la loi
on peut gagner sa vie, de façon plus honnête

Renaud raconte dans son autobiographie « Comme un enfant perdu », sortie en mai 2016 :

L’autre chanson forte de l’album (N.D.L.R. : avec Laisse béton) m’est inspirée par un braquage de banque qui a mal tourné. Je suis dans une bagnole empruntée à un copain, sur les Champs-Élysées, quand j’entends que les mecs viennent de se faire coincer par les flics rue Pierre-Charron, à deux pas de l’endroit où je me trouve. L’un aurait été descendu, l’autre serait blessé. Je fais demi-tour et j’y vais.

Sur place, je vois le type mort allongé sur le bitume, et l’autre qui pisse le sang dans le caniveau, mais qui respire encore. Ce qui me retient sur place, à ce moment-là, ce sont les commentaires des badauds, hallucinants de haine : « Encore des Arabes ! Ils ont leur compte et ils l’ont bien cherché ! Salauds ! Fumiers ! Des ordures pareilles, ça ne devrait pas avoir le droit de naître », etc., etc. Je me rappelle m’être dit que si les braqueurs n’avaient pas été dans cet état, cette foule les aurait lynchés.

En rentrant chez moi, ce soir-là, j’écris d’une traite Les Charognards.

Le 25 septembre 2016, Félicien Fogaerts, dans l’émission « Classic 21 – Protest Song » sur RTBF, décryptait le texte et les différents niveaux de lecture de la chanson « Les charognards » de Renaud :

Pour en connaître davantage sur cet événement, c’est par ici !

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Récents ajouts au site (1968)

Les audios et vidéos de 1968 sont maintenant disponibles. Je crois que vous y trouverez quelques surprises, même les plus grands fans de Renaud !

Si vous en avez davantage concernant l’année 1968, n’hésitez pas à me contacter. Il me fera plaisir de les ajouter au site !